mercredi 16 décembre 2015

APM 13 : Comment réussir ses échecs ?




Dans de cadre de l' APM, Charles Pépin anime un atelier sur l'échec.
Que faire de l'échec ? Comment réussir sa vie malgré l'échec ?voici quelques unes des questions du jour.
D'emblée il positionne l'ivresse du succès à l'opposé de la sagesse de l'échec et l'illustre par un élément de vie tout personnel : brillant élève il fait Sciences po et HEC pour s'apercevoir que la vie en entreprise ne lui correspond pas. Face à cet échec il se met à apprendre la philosophie, devient professeur , écrit des livres et s'invente son propre domaine de réalisation.

L'échec arrive quand deux conditions sont réunies : notre projet rencontre un réel qui lui résiste et quand on se ressent du sentiment d'échec.

Comment se sortir de l'échec  ?
- 1ière condition : il faut le reconnaitre en  tant que tel, ne pas le dénier
- 2ième condition : entendre ce que l'échec a à nous dire;est ce qu'il me dit quelque chose de qui je suis?
- 3ième condition : aimer l'échec .

#L'échec vu par la philosophie :
Le problème originel vient de Platon : philosophe de l'essentialisme, il nous met devant une impasse : comment assumer mon échec sans m'identifier à lui ?
La solution va venir par Mar Aurèle : les stoïciens nous renvoie à l'humilité : en rencontrant un réel qui nous résiste nous sommes contraint à intégrer la limite de notre puissance, que nous n'avons pas la toute puissance : si je pense que tout n'est pas en mon pouvoir, je vais exercer mes forces dans mon pouvoir.

Autrement dit si on veut changer des choses,il faut accepter de considérer ce que l'on ne peut pas changer.
Plus on accepte que l'on n'a pas de pouvoir sur des choses, plus on a de pouvoir sur certaines choses et également plus on de chances d'influer sur les autres.
L'acceptation n'est pas la résignation, il faut le vouloir, le vouloir dans la joie.
Si on ne peut l'apprendre par l'intelligence, l'échec nous l'apprend
L'échec nous apprend à mieux connaitre le réel en distinguant ce qui dépend de ce qui ne dépend pas de nous.
Pour Descartes la volonté est la seule chose illimitée : je peux toujours faire plus et donc l'échec est un déficit de la volonté.
Pour Kant c'est un déficit de la pensée.
Tout indique qu'à l'origine le petit d'homme , contrairement aux autres espèces est un être inachevé, qui arrivant sur terre de façon prématurée va rencontrer des échecs et sa faiblesse.

#L'échec vu par la psychanalyse :
- "Le je se construit dans le jeu des identités successives à l'autre en tant qu'elles sont ratées" Freud
Autrement dit c'est en s'identifiant à son père, à sa mère , à son frère, professeur ..successivement, en échouant partiellement à chaque fois, que l'enfant se construit son identité.
- Illustration par la dépression : quand le sentiment d'échec est très fort et pourtant 50% des dépressions ne semblent pas objectiver par des problèmes réels , perceptibles par l'entourage.
La dépression provient souvent d'un décalage entre l'identité que s'est construit l'individu et son moi profond .
La psychanalyse d"ouvre que la volonté peut être aussi une pathologie : comme je sais réussir et que j'ai de la volonté, je crée petit à petit un fossé avec mon moi profond;
La dépression indique une infidélité à soi.
- Le problème est que le moi est quelque chose d'hétéroclite mais unifié par le désir ou moi profond.
On peut être infidèle à son moi sans connaitre d'échec et rencontrer la dépression
Le succès social peut donc entrainer un échec sur le plan psychique
Mettre son talent et sa volonté au service de son moi profond
Très souvent travailler au nom des valeurs va à l'encontre de son moi profond.
- Autre théorie : l'ambition viendrait du désir de venger ses parents.Autrement dit l'échec des parents comme moteur de la réussite.

#L'échec vu par la science :
Bachelard nous apprend que les savant sont ceux qui savent échouer ou plus exactement trouvent, se trompent et savent rectifier leur erreur.
Pour pouvoir rectifier son erreur il faut : la reconnaitre; le regard de l'autre
Einstein : "une très grande série de succès ne donne aucune vérité ,quand une seule vérification expérimentale peut venir la réfuter"

Conclusions :
- Finalement l'échec serait de mourir sans être parvenu à soi même  : on a besoin de tous nos échecs pour nous réaliser.
Malheureusement la société est à l'inverse , elle encourage sans cesse le succès , la norme;
Hors la norme empêche de développer sa singularité, voilà la mort.
Deviens ce que tu es : dan sla fidélité à la singularité, en supportant le doute
L'humanisme est de supporter le doute en soi.
Le fanatisme est de ne pas supporter le doute : le kamikaze se fait sauter pour se prouver qu'il na pas de doute.
Valoriser l'échec , c'est valoriser ce qu'il apprend
"Nous avons perdu une bataille mais pas la guerre " De Gaulle.

- La décision est au coeur de l'échec : le choix est une option rationnellement établie; la décision est une option prise quand il y a de l'incertitude et donc est en lien avec l"échec.
Quand on valorise le courage de la décision , on valorise forcément l'échec ( une fois et avec enseignement , pas plusieurs)
Si on ne prend pas de décision, on ne risque pas d'échouer , ni d'apprendre sur le réel
Notre époque est très marquée par le principe de précaution et l'absence de décision

Aimer l'échec :
- parce que dans l'adversité je vais me découvrir une ressource, elle peut s'appeler la joie
- en acceptant mes limites je me libère de mon fantasme de toute puissance

Réussir sa vie , c'est réussir ses échecs
La singularité peut se valoriser dans le succès comme dans l'échec
Deviens ce que tu es