mardi 14 décembre 2010

Histoires de changement 11: La Révolution kantienne,la Morale


Son étude de la Morale, La Critique de la Raison pratique illustre au mieux ces révolutions.

1/ La fin du cosmologico éthique :
Pour les Grecs en parallèle de l'ordre cosmogonique , il existe une hiérarchie naturelles des Etres, de toutes les catégories d'Etres.
Le Monde aristocratique ,tel qu'il est décrit par Platon repose sur l'idée que la cité parfait repose sur cette hiérarchie : les philosophes en haut, les guerriers au milieu, les artisans et ouvrier en bas.
La conviction à la base du système ,tel que le décrit Platon, est que la vertu se confond avec l'excellence naturelle, le talent naturel.
Pour Kant la dignité morale d'un individu ,sa vertu, ce n'est pas son talent mais l'usage qu'il en fait. Ce n'est pas la nature qui fait la valeur morale d'un individu mais c'est sa liberté.
La seuls chose que l'on peut tenir comme absolument bonne sur le plan éthique, c'est la bonne volonté.
Le fait que tous les talents naturels peuvent indifféremment être mis au service du Bien comme du Mal prouvent qu'ils ne sont pas intrinséquement du côté du Bien. L'intelligence peut aussi bien servir le Bien que le Mal : c'est seulement la volonté qui compte , si elle est bonne ou non.
Ainsi le monde aristocratique va être pris à contre pied et la morale du monde moderne fondée.
Trois conséquences immédiates :
- l'idée d'égalité apparaît : tout le monde se vaut puisque ce qui compte c'est ce que l'on fait de ce que l'on a reçu.
-l'humanité est une : dans le monde aristocratique il y a plusieurs humanités ,une hiérarchie des êtres : un esclave et un aristocrate ne sont pas du même monde.Idée au fondement des démocraties modernes.
- émerge également derrière l'idée de travail : l'aristocrate est celui qui ne travaille pas;à partir de cette nouvelle morale, ce que l'on va faire de ce que l'on a reçu , l'idée de travail est désormais valorisée .

2/ La fin du théologico éthique :
La morale chrétienne invite les individus à se conformer à certains principes ou règles pour obéir à Dieu. Son fondement est théologique.
Kant bien que chrétien y met fin en disant : si on agit pour faire plaisir à Dieu ou parce que on le craint , alors la Morale perd tout intéret parce que elle devient intéressée. La théologie corrompt donc ainsi la Morale, la vraie Morale est désintéressée, la vrais vertu est celle du désintéressement.

3/La morale kantienne :
En rupture avec la cosmogonie grecque et la théologie chrétienne , elle va avant tout être Humaniste à partir de notre subjectivité.
- Problème immédiat : comment considérer que l'on peut fonder une Morale à partir de l'Etre humain ? Que l'accord entre Etres humains est plus important que l'accord avec le Cosmos ou avec les Commandements de Dieu? Qu'y at-il de sacré , de grand dans l'homme qu'on puisse s'appuyer dessus ?C'est toute la question très importante ouverte par Descartes du propre de l'Humanité.
- Kant va partir de Rousseau à travers le discours de L'inégalité : Pour Rousseau ce qui distingue humains et animaux ce n'est pas l'intelligence ( c'est du plus ou moins pas un qualité) ni le langage mais la liberté ou la perfectibilité. L'animal est enfermé dans son instinct et tellement qu'il ne peut s'en évader même si sa survie en dépend ; pour l'être humain c'est l'inverse,il peut commettre les plus grands excès jusqu'à se tuer : c'est sa liberté.
L'effet de cette liberté va le faire entrer dans une double histoire : celle de l'individu (l'éducation) et celle de l'espèce (la politique).
L'animal totalement guidé par son instinct n'a pratiquement pas besoin d'éducation.
Les sociétés animales n'ont pas d'histoire et se reproduisent à l'infini.
La liberté guide donc les humains, pas la nature: "Pourquoi l'homme est-il sujet à devenir imbécile ?"et à oublier parfois sa perfectibilité en vieillissant par exemple.
Liberté, écart par rapport à la règle dont l'animal n'est pas capable et historicité ou perfectibilité que les animaux ne connaissent pas,sont donc les caractéristiques principales de l'homme.
- Elles entraînent trois conséquences, les trois traits caractéristiques de la morale kantienne :
1/Le désintéressement : si la liberté est la faculté de s'arracher au monde de l'instinct naturelle ,la capacité à s'arracher à la nature, nos penchants égoistes, ce qui nous pousse à nous occuper de nous; l'altruisme, le soucis des autres va demander une abstraction de moi même, de me limiter moi même.
La vertu se définit comme action désintéressée, fondement de l'Amour.
2/L'universalisme : agit de telle façon que ton action puisse être transformée en Loi. Pour prendre en compte l'intéret général , l'Universel , il faut pouvoir mettre en parenthèse mes intérets particuliers, m'écarter de la Nature, mes inclinations. Je peux le faire par ma liberté.
3/L'impératif , le devoir : ça ne va pas de soi d`être moral,ce n'est pas naturel;il va falloir faire un effort.Moral du travail sur soi.Un élève est un enfant à qui on demande de s'élever.

- La doctrine des impératifs de trois catégories :
1/ Les impératifs de l'habileté :purement techniques , hypothétiques sous la forme de si tu veux..alors .Les fins sont totalement subjectives.L'utilitarisme en philosophie
2/Les impératifs de la prudence : fondés sur des fins du sens commun, une fin générale communément admise, plus objective pas encore universelle.Une morale du sens commun celle de Platon.
3/Les impératifs catégoriques : ce que va ajouter Kant, un 3ième étage, ce sont des fins,des objectifs absolument nécessaires.Tu dois absolument..il y a des fins qui ne se discutent pas.Nous devons absolument Il y a une rationalité de ces fins parc que c'est la raison qui les fixe.Ce sont les fins qui touchent à l'accord de l'humanité avec elle même : le règne des fins.
Ainsi il déteste le mensonge car il rompt la confiance. L'absolue nécessité de s'auto limiter.

Deux remarques :
-Ce n'est plus la Religion qui précède la Morale, mais de l'homme ; l'idée de Dieu apparait après la Morale. La Loi est fabriquée par et pour les Humains.La Spiritualité apparait après pour donner du sens, un horizon .
- Sans la Liberté il n'y a pas de Morale possible. Le travail de la science c'est de relier des faits pour les expliquer entre eux, trouver des causes, le déterminisme. Le principe du déterminisme semble nier la liberté. Soit la série des causes est infinie et on arrive pas à conclure l'explication, soit il existe une cause première
D'où l'idée d' atteinte des limites de la raison avec ces deux concepts et Kant très honnêtement conclut au postulat de la liberté. La philosophie part de cet axiome non démontrable.