jeudi 31 décembre 2009

Images (1) :Des années 00 aux années 10

Images : beaucoup de commentaires sur la fin des années 2000 , beaucoup de commentaires et finalement une seule image : 110901. Quelles images figurent ces changements d'époque ?

La fin de l'année le temps des bilans, bientôt, après le réveillon viendront le temps des bonnes résolutions. Cette année, nous sommes gâtés, fin de décennie : que faut -il retenir des années 00. Faisons défiler quelques tags d'événements de Libération au figaro :
- Pour Libération les années 00 furent celles des conservatismes : politique ,économique et religieux.
Ils en furent les héros : Nicolas Sarkosy l'hyperprésident, Loana "le canon de la télé javellisée, Jack Bauer le héros ultra speed , Ben Laden "l'ennemi public fantôme", Zidane "lhomme de tête du football,Barack Obama "le retour du rêve américain"...
Les 10 mots qui ont compté : Google, tsunami, rtt, alter, story telling, diversité, réchauffement, bling-bling, pacs, non.
Les 10 images, sans surprise pour la première :le 11 septembre
Les 10 objets , là non plus point de surprise avec : l'euro, le téléphone portable (T'es ou ?), la PSP, la voiture low cost, le sex toys, la combinaison gagnante, l'appareil numérique, le CD, le Bio.
- Pour le Figaro, 10 révolutions qui ont changé notre vie : les djihadistes déclarent la guerre à l'occident, Google Facebook Tweeter . .l'ère numérique, la déferlante ADN, Génération 35h, la peopolisation ou le triomphe du tout à l'égo, de l'argent roi à l'argent fou, au nom du principe de précaution, l'irruption du droit des minorités, jamais sans mon mobile, l'éveil de la conscience verte.
- Pour le JDD : portable, euro, télé-réalité, écologie, google wifi mp3, les virus.

A noter pour finir les 10 disparus ,avec qui sont partis un peu de .. et de .. : Charles Trenet, Marlon Brando, Cartier Bresson, Sagan, Deridda, Arafat, JP2, James Brown, Bergman, Saint Laurent, Soljénitsyne, Paul Newman, Bashung, Michael Jackso , Levi-strauss (Claude).

Bonnes 10 prochaines années.

vendredi 25 décembre 2009

Lexique 35 : changer le monde

"La chose importante à garder en tête est qu'il ne faut jamais attendre pour commencer à changer le monde"
Anne Franck.

samedi 19 décembre 2009

Lexique 34 : La limite



"Un SS, un  bourreau peut tuer un homme, mais il ne peut pas le changer en autre chose."    Robert Antelme. L'espèce humaine

mardi 15 décembre 2009

Les nouvelles Menaces (2) : L'importation des inégalités sociales via la mondialisation indienne


D'après l'atelier Transit City du 25/11 animé par François Bellanger avec Eve Charrin,auteur de l'Inde à l'assaut du monde, comme invité principal. Dans la continuité du travail de l'année sur les nouvelles menaces, après l'atelier de septembre sur la pandémie la question posée était de savoir si l'Inde n'est pas pour nous un miroir de l'accroissement des inégalités. Autrement dit : "que sommes nous en en train d'importer d'Inde en parallèle de nos achats de services technologiques ??
1 Le modèle urbain de l'archipel :
Chaque zone urbaine est constitué d'ilots séparés les uns des autres sans beaucoup de liens entre eux.
Ainsi chaque zone possède à la mesure de ses moyens son propre générateur ou système de gestion d'eau, de haut débit...
Les malls ,sièges sociaux de grandes entreprises,centres de recherche délocalisés d'entreprises mondiales, chaque territoire est une île qui grandit et fait rêver la classe moyenne comme les villes nouvelles décentralisées (il en existerait même une en projet résevée aux Non Residents India).
Les habitants de ces ilôts ont souvent plus de communications et de proximité avec leurs cousins migrants volontaires de Londres ou de Californie qu' avec les habitants du slumdog à 50 m de chez eux (et ce malgré les liens d'interdépendance, les uns travaillant pour les autres).
2 Le pari de de l'Inde Hightech :
C'est l'Inde qui gagne ,celle à laquelle chacun s'identifie ou voudrait s'identifier.
C'est aussi le fruit d'une stratégie : percevant qu'elle n'avait pas d'infrastructures fortes ( énergie, routes, réseau ferroviaire) ni de moyens politiques et financiers de le créer rapidement ,l'Inde a choisi dès les années 90 de tirer sa croissance du High tech et du soft ware peu demandeur en énergie. Une stratégie volontairement différente de celle de la Chine.
Les résultats : ce secteur à rapporter 52 milliards $ en 2008 soit 55% des exportations. C'est dix fois plus qu 'en 2000 et +25% par rapport à 2007.
Il continue donc à marcher très fort et surtout à créer des emplois d'ingénieur, de financier, de personnel médical..
L'image vue d'Occident du pays des call center est bien dépassée au moment où 50% des plus grosses entreprises mondiales délocalisent une partie de leur centre de recherche en Inde.
Malgré cela son niveau de développement apparaît au 130ième rang mondial, derrière la Namibie et les inégalités demeurent : la croissance est essentiellement élitiste.
3 La réalité de classe moyenne indienne :
Tout dépend comment on la regarde : avec le standard indien ( le revenu médian des indiens) ou le standard occidental ( les indiens possédant un revenu moyen occidental). Sous le premier angle il s'agit de 300 millions de personnes dont les revenus ne leur permet pas d'acheter des biens de consommation équivalents à ceux de la classe moyenne européenne. Sous le second il s'agit seulement de 50 à 100 millions d'indiens mais dont l'influence est importante dans la société moderne.

4 Les fondements inégalitaires de la nouvelle classe moyenne :
- Le système universitaire de production des élites : produit 500000 à 1 million d'ingénieurs hautement qualifiés chaque année dont certains très recherchés par les occidentaux.En même temps qu'il existe 350 millions d'illétrés amenés à ...le rester
- Le système inégalitaire des castes se perpétue dans ce système où les néobrahmanes travaillent aujourd'hui chez Microsoft après avoir accomplis de brillantes études, convaincus qu'ils sont que leurs ancêtres avaient eux mêmes inventé le 0.
Ce mythe est aujourd'hui très structurant, explique pourquoi les indiens anciens champions de math sont devenus des champions en informatique.
Malgré tout les castes moyennes continuent à dominer l'Inde économique et politique et tout se passe comme si les castes supérieures se sentant menacées par les tentatives d'abolition des années 80 s'étaient échappées par le haut ( effet de surplomb) par les étude et le high tech.
- L'hindouisme dans le sens où la recherche de pureté est une recherche très individualiste qui s'accommode très bien de l'enrichissement individuel et des inégalités ( on a 7 vies après tout c'est autant pour en profiter ou se refaire)
5 La diaspora indienne :
20 millions au total,des batisseurs de Dubaï aux businessmen de la Silicon Valley.
Aux USA la diaspora indienne dispose d'un revenu de 50% supérieur de celui de la middle class américaine. Une émigration d'élite qui se vit en "orbite" ,au dessus de son territoire .Très liée à sa culture elle ne s'intéresse que très peu à ses problèmes d'inégalité et préfèrent embellir sa maison qu'investir l'espace public.
6 Comment cela nous concerne t-il ?
En important des logiciels,des services à bas prix (un ingénieur indien vaut toujours 5 fois moins cher qu'un occidental) il y a importation des inégalités qui les ont produites.
La mondialisation a donc un effet inégalitaire (dans les deux sens)
Cela a pour conséquence de délocaliser des emplois et modifier les relations employeurs -employés sous cette menace.
La stratégie défensive de fuite vers des emplois de plus en plus qualifié est en échec et évolue vers des postes plus politiques, en contact avec les marchés.
"Après deux siècles de nivellement des inégalités au sein des pays occidentaux et d'augmentation de celles ci entre l'occident et le reste du monde,il semblerait qu'un mouvement inverse s'opère. "
En Inde les classes moyennes sont gagnantes, les inégalités explosent par le haut, elles menacent directement l'identité indienne en important des codes occidentaux (habillement, altération de l'accent).
En occident c'est le système social qui est menacé avec un fort retentissement en France où l'espace public est égalitaire , méritocratique; dans la réalité tout ceci ne fonctionne qu'entre soi (personnes de la même classe).


vendredi 11 décembre 2009

Lexique 33 : La pression de l'environnement

“ L’histoire de la vie est événementielle. Une forme vivante en équilibre dans un milieu stable n’aura, en principe (il y a des exceptions), pas de raison de changer ; si par contre ce milieu se transforme, l’harmonie est rompue et pour retrouver un nouvel équilibre dans ce nouveau milieu, la forme vivante en question doit se transformer à son tour (par mutations que l’on dit aléatoires et par sélection de celles-ci quand elles représentent un avantage ou par tout autre processus de “ modelage ” au nouvel environnement); on donne à cette transformation, comme si elle était inéluctable, le nom mal choisi d’évolution. ”                                                              Yves Coppens, Des étoiles à la penséeDiogène n° 155, 1991 

Temps de crise 17 : L'effet péripétique vu par Greenpeace

Superbe campagne réalisée par Greenpeace sur Copenhague.
Elle utilise pleinement la rhétorique "noémiste " décrite par Jean Pierre Dupuy dans la Métaphysique des Tsunamis .
En deux mots avant les images : "Noé qui annonçait régulièrement autour de lui le déluge et que personne n’écoutait, surgit un jour au milieu de son village, tout de noir vétu , le visage ravagé par la tristesse. Les villageois, ses compagnons de toujours, s’étonnent de le voir ainsi et l’interrogent . "Je porte votre deuil répond Noé car je sais que vous allez tous disparaître ,si vous ne vous préparez pas au déluge ". Puis Noé rentra chez lui. Quelques temps plus tard on vit plusieurs villageois se présenter devant Noé et lui demander : "que pourrions nous faire pour ce qui doit arriver ne nous arrive pas ?" Puis avec leur aide Noé dessina les plans, rassembla les matériaux, construisit son arche ...tout le monde connaît la suite. "
Ce que j'appelle l'effet péripétique : essayer d'influencer le réel , ses événements en installant une péripétie au récit.





mardi 8 décembre 2009

Méthodologies du changement (1) : Les deux types de changement


Le projet à travers ces quelques articles est de cerner les contours d'une approche du changement, au moment où tout est changement parfois jusqu'à la saturation.
Le premier article est sur Bateson : les fondamentaux.
LES DEUX TYPES DE CHANGEMENT
C'est à Gregory Bateson, figure de proue de l'Ecole de Palo Alto, que revient le mérite d'avoir apporté des éléments déterminants pour la compréhension du processus de changement. Ses apports, fruits d'une interdisciplinarité exemplaire, ont permis la mise en oeuvre d’une nouvelle pédagogie du changement. Bateson distingue deux types de changement dans les systèmes humains: le changement qui intervient à l’intérieur d'un système, qu'il nomme le changement 1, et le changement qui affecte et modifie le système lui-même, qu'il appelle le changement 2.
le changement 1 : l'homéostasie.Le changement 1 est celui qui permet au système de maintenir son homéostasie, son équilibre : la modification s' opère simplement au niveau des éléments du système. L'homéostasie d'un système réside dans son aptitude a exercer des phénomènes auto correcteurs sur les éléments internes ou externes qui menaceraient son équilibre. La boutade, " plus ça change et plus c'est la même chose ", que l'on entend fréquemment dans les cafés et les cantines au sujet des mesures prises par la direction d'une entreprise ou d'un gouvernement, traduit parfaitement combien les changements opérés n'aboutissent qu’à des solutions de niveau 1: solutions qui, précisément, contribuent à enclencher des mécanismes régulateurs, dits homéostatiques car ils maintiennent le système en son état. Ainsi nous-même tentons-nous le plus souvent, sans le savoir, de changer les choses en aboutissant " toujours à la même chose ". Cependant ce changement I par rétroaction est insuffisant dans certains cas. En effet, lorsqu'un système humain ne parvient plus à réguler ses échanges par ses mesures habituelles d'autocorrection et d'ajustement et lorsque les " solutions de bon sens " créent un peu plus de permanence, il entre alors en crise cela signifie qu'au sein du système, des changements d'un autre niveau, le niveau 2, s'imposent et que, s'ils ne sont pas introduits, le système tombe malade.
Le changement 2: l’évolution. Le changement 2 se caractérise par le fait que c'est le système lui-même qui se modifie ou qui est modifié. Pour reprendre des métaphores empruntées à Paul Watzlawick, le changement I s'apparente à l'action du thermostat qui régule la température en fonction des variables thermiques ou encore à celle de l'accélérateur de la voiture qui permet d'aller plus vite mais en conservant le même régime, alors que le changement 2 correspond à une intervention sur le levier de vitesse qui, modifiant alors le régime de la voiture, la fera passer à un niveau supérieur de puissance. Ainsi face à une côte très abrupte (changement de contexte), Si --le conducteur ne faisait qu'accélérer " un peu plus ", il n'effectuerait qu'un changement de niveau 1, solution qui amplifierait le problème car sa voiture (imaginons une petite cylindrée), un pet, plus a court de puissance, avancerait de plus en plus difficilement et finirait sans doute par caler Dans cet exemple, la solution consistant à changer de vitesse pour modifier le régime du moteur correspond précisément à un changement de niveau 2. L accès au changement 2 dans un système humain nécessite que les règles qui le régissent subissent des transformations. Et cette modification des règles d'un système humain relève, d'une reconstruction de la réalité, d'un changement de prémisses, voire d'hypothèses de base ou de présupposé. Ce changement 2 sur lequel l’équipe de Palo Alto s'est particulièrement mobilisée est celui qui nous intéresse ici en premier lieu .
LES TROIS NIVEAUX D'APPRENTISSAGE
Là encore, Bateson a mis en lumière comment s'opère l'apprentissage. Ses apports se sont révélés très utiles aux praticiens de la thérapie brève pour mettre en oeuvre de nouvelles stratégies susceptibles de favoriser le changement. Bateson distingue quatre niveaux d'apprentissage entre lesquels il dégage une notion essentielle, celle de la discontinuité.
Le niveau O Le niveau 0 de l'apprentissage correspond à l'arc réflexe et désigne tous les cas ou un même stimulus provoque systématiquement une même réponse c'est, par exemple, le mouvement qui nous fait instinctivement retirer notre main d'une source de chaleur trop vive.
Le niveau 1 Le niveau 1 fait référence au conditionnement ; il évoque la célère histoire du chien de Pavlov. L'apprentissage y correspond à un changement dans l'apprentissage O: en effet le chien, qui n'avait pas te réflexe instinctif de saliver au coup de sonnette, va apprendre à saliver lorsque la sonnette tinte ; et si le contexte du coup de sonnette ne change pas, le chien, lui, a appris à modifier une fois pour toutes sa réponse lorsqu'il l'entendra.
Le niveau 2 Au niveau 2 de l'apprentissage, il n'y a plus simplement apprentissage d'une réponse systématique à un stimulus, mais transfert du même apprentissage à d'autres contextes. Le sujet apprend a apprendre il est capable de transposer ce qu'il a appris. L'apprentissage de type 2 s'apparente au processus classique de généralisation, que nous utilisons tous lorsque nous unifions des contextes apparemment différents : par exemple, Si j'ai appris à conduire une voiture, je peux par la suite conduire n'importe laquelle. Les comportements humains, qui sont à la base de la socialisation de l'individu, peuvent êre considérés comme des apprentissages de type 2.
Le niveau 3 Atteindre l'apprentissage 3 relève du domaine de la psychothérapie, du développement personnel et de la conduite du changement en entreprise. L'apprentissage 3 est un indicateur de performance des formations au management, à la communication, à la conduite du changement qui visent une transformation des mentalités et des comportements : tel devrait être l'objectif prioritaire des formations au management en entreprise. En effet, seul l'apprentissage 3 permet à un système d'accéder au niveau 2 de changement, alors que l'apprentissage 2 au contraire maintient le système en l’état en renforçant son homéostasie. L'apprentissage 3 consiste à modifier les prémisses qui ont gouvernent les apprentissages de type 2 pour générer ensuite des comportements nouveaux plus adéquats. Selon Bateson, l'individu a besoin d'accéder au niveau 3 d'apprentissage lorsque des contradictions, des inadéquations, des souffrances et des blocages ont été engendré par des apprentissages de niveau 2. Ainsi lorsque les apprentissages de niveau 2 deviennent inopérants pour l'individu, sources d'enfermement, d’échecs et d'insatisfactions, celui-ci a besoin d'apprendre à changer ses habitudes acquises par l'apprentissage 2, c'est-à-dire à réorienter ses comportements dans des contextes plus appropriés. Par exemple, Si un individu se comporte de manière agressive dans tous les contextes ou il est contrarié et Si son agressivité systématique lui porte préjudice, alors il a besoin de passer à un apprentissage de type 3. Celui-ci consistera à lui permettre de limiter l'usage de son agressivité aux situations ou celle-ci s' avère pertinente savoir être agressif est utile dans certains cas. Mais la mise en oeuvre de l'apprentissage 3 par lui-même est beaucoup plus délicate car elle relève d'une réinterprétation de la réalité et non de l'effort ou de la volonté En effet lorsqu'un apprentissage de niveau 3 s'est accompli chez un individu, il s'est produit spontanément, involontairement, intuitivement. Le plus souvent il résulte d'un événement Si important dans la vie de celui-ci qu'il génère simultanément un changement automatique de sa vision du monde. L'apprentissage 3 s'accompagne nécessairement d'une redéfinition de soi-même et, en conséquence, de ceux impliqués dans la situation interactionnelle problématique. L'apprentissage 3 résulte d'une nouvelle construction de la réalité Il est le fruit d'un recadrage qui en libérant la dimension créative de l'individu générera d'autres réponses, plus appropriés. Les créations artistiques, de même que les grandes découvertes scientifiques, relèvent de l'apprentissage 3.
Toutes solutions issues d'apprentissages 2 vont à l'encontre d'une évolution en générant des changements de niveau 1, niveau qui précisément maintient les situations et renforce l'homéostasie des systèmes. Les multiples réformes dans l'Education nationale, les divers remèdes au chômage toujours croissant, les mesures pour réduire les dépenses de santé témoignent de l'inefficacité des solutions de niveau 2 pour générer le changement dans un système.

vendredi 4 décembre 2009

Lexique 32 : la rapidité


Une des lecons que je tire de ma propre expérience, c'est que j'étais allé trop vite.
Alain Juppé.

mardi 1 décembre 2009

Les nouvelles Menaces (1) : La Pandémie

Et si les peurs structuraient autant nos imaginaires que nos désirs ??
L'épidémie occupe une place centrale dans nos imaginaires.
Au XVIIième siècle dans le sillage des Lumières va naître un mythe ,celui de l'éradication des épidémies.Ce mythe va se développer pendant 2 siècles en même temps que le progrès scientifique pour se retourner dans les années 80 avec l'apparition de maladies nouvelles sida,ebola),de la résistance aux antibiotiques et une nouvelle croyance va émerger petit à petit : "il est désormais impossible compte tenu de l'évolution des virus et de la mondialisation d'échapper à une nouvelle pandémie"

Quelles sont les principales étapes de l'évolution de cette croyance :
1ière période : L'âge de la peste et de la quarantaine
La peste apparaît en Europe au XIV°s et sera pratiquement éradiquée au XIX°s.
La première grande peste de 1348 ,"la peste noire", va occasionner entre 25 et 50% de mortalité selon les lieux urbains.
  1. Les principales raisons : le mouvement d'urbanisation de l'époque déplace des populations et augmente les importations de blé des rives de la mer noire.Pendant la guerre entre génois et mongols, ces derniers vont catapulter des pestiférés morts sur les troupes ennemies. Vaincus par cette guerre bactériologique les génois s'enfuient et vont contaminer les ports d'escale. Une fois la peste identifiée les bateaux contaminés sont exclus de certain ports.Le port de Marseille voulant faire une bonne affaire en accueillant ces marchandises ,les laissent débarquées la peste avec.
  2. Le mode de protection nait à Raguse et à Venise: les malades sont mis à part sur une ile dans un Lazaret durant 40 jours;
  3. Le bilan est plutôt positif : à un rythme d'une épidémie tous les 10 ans ,seulement 4 ou 5 viendront des ports.
  4. La dernière peste de 1720 à Marseille : due à une nouvelle négligence qui voit malgré une mise ne quarantaine d'un bateau, le débarquement d'étoffes les plus précieuses par une poignée de marins. Cela va entraîner la construction de murs en cordon sanitaire de plus en plus grands au fur et à mesure de la progression de la maladie : 7 au total.
2ième période : L'english system et l'hygiénisme
Un basculement s'opère à l'occasion des épidémies de choléra en 1882;
La maladie provenant d'un pays pauvre suscite un débat chez les scientifiques entre ceux qui pensent qu'elle ne touchera pas les plus riches et les autres qui veulent maintenir le "cordon sanitaire".
Les libéraux préfèrent le faire sauter (un homme tous les 100 m, à portée de fusil coûte très cher et empêchent les échanges ) au profit d'un effort sur l'état sanitaire des villes,responsable de la propagation des maladies ( nouvelle croyance hygiéniste)
  1. Un nouveau dispositif se met en place : quand un bateau arrive les malades sont hospitalisés,on demande leur adresse aux autres et on les renvoie chez eux.
  2. La frontière de l'épidémie est repoussée à ...l'extérieur de l' Europe. L'Egypte, la Turquie ,le parcours du pèlerinage musulman deviennent la nouvelle frontière. Les anglais utilisent Malte comme escale avant l'Angleterre pour leurs bateaux. A l'intérieur des villes ,elle est identifiée par la déclaration d'ilots insalubres.
  3. Une politique d'assainissement de l'eau dans les villes se met en place en parallèle.
3ième période : La libre circulation et le facteur social.
  1. La lutte contre la tuberculose au début du XXième siècle fait apparaître une nouvelle controverse entre les tenant de la contagion médicale et ceux du facteur social aggravant. Les réponses ne sont pas les mêmes : les dispensaires sont des détecteurs de malades avant tout; vers 1920 il y a basculement avec le reconnaissance du facteur social aggravant. Durant toute cette période les médecins trichent avec les chiffres : 150000 morts par an annoncés alors qu'en réalité pas plus de 8000.
  2. Les passages de la grippe : on ne sait pas trop ce que sait mais on en observe les dégâts à plusieurs reprises : 1889 : 90000 morts;oct -nov 1918 sous fond de victoire : 240000 morts, la grippe est secondaire.La grippe de 1970 a fait 30000 morts et on en parle pas
En conclusion :
Une épidémie est toujours l'occasion de déplacement des acteurs et des jeux de pouvoir entre eux. Exemple le SRAS a permis à l'OMS de rentrer en Chine pour garantir aux occidentaux la non contamination des produits importés en occident.
Concernant les épidémies actuelles la question est de savoir si les occidentaux sauraient prendre les mesures dures nécessaires de sécurité, d'accès aux hopitaux, aux médicaments en cas d'événement imprévu grave.
D'après l'atelier Transit City du 25/09 animé par François Bellanger avec Patrice Bordelais ( EHESS) comme invité principal.